L’Opposition officielle votera contre le budget 2022 de l’administration Plante–Ollivier
Les mesures présentées dans le budget 2022 de l’administration Plante–Ollivier démontre à nouveau l’incapacité de Projet Montréal à gérer les finances de la Ville. En plus de ne pas tenir compte du contexte de la cinquième vague de la pandémie, l’administration continue d’endetter les Montréalais sans augmenter la qualité et la quantité des services qui leur sont rendus.
En effet, le budget de la Ville de Montréal a augmenté de 24 % au cours des cinq dernières années, ce qui correspond à une hausse de 1,26 G$. Seulement en 2022, on note une augmentation des dépenses de l’ordre de 4,7 % pour un budget totalisant 6,46 G$. En outre, les revenus récurrents n’augmentent pas à la hauteur des dépenses, ce qui force l’administration à recourir à l’endettement, dilapider les réserves de la Ville et dépendre des sommes qui lui sont octroyées par le gouvernement du Québec.
« Projet Montréal a toujours eu un discours jovialiste des finances de la Ville, mais la réalité est que le bateau prend l’eau en 2022. L’administration n’est plus en mesure de remplir ses promesses présentées à la population il y a moins de trois mois et, surtout, elle n’est plus en bonne posture pour répondre aux nombreuses crises qui secouent Montréal comme celles du logement, de la sécurité publique ou de la COVID-19 », a déclaré Aref Salem, chef de l’Opposition officielle à l’Hôtel de ville de Montréal.
Colmater les brèches par tous les moyens
L’administration présente ce qu’on pourrait qualifier de « budget gruyère » tant il possède de nombreux trous. Encore une fois, les revenus de plusieurs postes budgétaires, tels que les amendes et pénalités, ont été surévalués alors que plusieurs dépenses, comme celles en sécurité publique, ont été sous-estimées afin d’équilibrer le budget. Autrement dit, l’administration gère les finances en se croisant les doigts que des ajustements seront possibles au courant de l’année pour colmater ces brèches.
Si la mairesse affirme que la Ville a « une capacité d’emprunt incroyable », les chiffres démontrent que la réalité n’est pas aussi rose. Avec un ratio d’endettement de 119 %, l’administration dépasse pour une quatrième année consécutive l’endettement permis de Montréal et se situe à 1 % du scénario de décote de l’agence Standard & Poor’s. Les conséquences sont grandes pour les Montréalais qui vont payer des intérêts records de 428 M$ en 2022.
« Près d’un demi-milliard d’argent perdu ! L’administration nous assure que le retour au ratio d’endettement de 100 % est prévu pour 2027, soit deux ans après la prochaine élection municipale de 2025. Visiblement, ce n’est pas en 2022 qu’elle a décidé de commencer le travail », a déploré Alan DeSousa, porte-parole de l’Opposition officielle en matière de finances.
Devant le recours à l’emprunt qui a atteint sa limite, l’administration se tourne depuis quelques années vers l’utilisation de montants non récurrents, comme ses réserves qui sont rendues presque vides, ou encore vers le gouvernement du Québec. Ce dernier a permis d’équilibrer les deux derniers budgets à la hauteur de 413 M$ (150 M$ en 2019 et 263 M$ en 2020-2021). Cette situation de dépendance financière amène inévitablement une dépendance politique comme en témoigne d’ailleurs une réponse du service des finances : lors de la commission, celui-ci a dit espérer que le gouvernement du Québec paiera pour l’augmentation du paiement au comptant qui permettra à la Ville de revenir à un ratio d’endettement de 100 % d’ici 2027 – stratégie qui, par ailleurs, devait être mise en place dès cette année.
« La volonté d’un retour à un ratio d’endettement de 100 % en 2027 n’est qu’un souhait mis sur papier, mais ne fait pas l’objet d’un plan précis de l’administration. Nous vivons dans un mode de gestion à court terme et l’absence de planification est inquiétante », a ajouté Laurent Desbois, vice-président de la Commission des finances et de l’administration.
Un gouvernail de plus en plus difficile à tenir
Affaiblie par sa gestion désastreuse des finances publiques, l’administration n’a plus les moyens de ses ambitions. Ultimement, les Montréalais se voient floués suite aux nombreuses promesses qui ne seront finalement pas réalisées. En habitation, le financement du service est réduit de 9 M$, les 800 M$ promis sur 10 ans pour la réalisation de 60 000 logements abordables ne se retrouvent nulle part dans le budget et les sommes dédiées à l’achat de terrains sont constamment réduites. L’administration ne donne aucune réponse à la crise du logement, si ce n’est que d’offrir du réchauffé avec le « Règlement pour une métropole mixte » et la stratégie 12 000 logements qui se poursuit cette année suite à un échec lamentable.
En sécurité publique, le portrait est tout autant peu reluisant : seulement 60 policiers sur les 250 promis seraient embauchés et le financement de programme de caméras corporelles est aujourd’hui une préoccupation importante selon les propres dires de la mairesse. C’est sans compter qu’elle a également perdu les moyens financiers de maintenir des services aussi cruciaux que ceux offerts par la présence de postes de quartier.
La situation est également critique à la Société de transport de Montréal, qui devra poursuivre les coupures en 2022 malgré celles de l’ordre de 48 M$ effectuées l’an dernier.
« Le budget 2022 est le résultat des quatre budgets précédents et pourrait bien constituer le point de bascule vers un changement beaucoup plus désagréable pour les Montréalais, soit une hausse de taxes ou une baisse des services », a conclu M. Salem.
Dans ce contexte, les élus d’Ensemble Montréal voteront contre l’adoption du budget 2022 et du Programme décennal d’immobilisations (PDI) 2022-2031 lors de l’assemblée extraordinaire du conseil de ville du 20 janvier. Leurs principales critiques sont publiées dans le rapport minoritaire qui sera soumis à la Commission sur les finances et l’administration :
Propositions d’amendements
Bien que le budget et le PDI seront adoptés sans l’appui des élus de l’Opposition officielle, notre parti souhaite optimiser le budget de l’administration. C’est dans cette optique que l’Opposition officielle présentera trois amendements afin de redresser une série d’éléments identifiées dans les propositions de l’administration:
- D’ajouter 250 000$ au budget du Bureau du vérificateur général afin de lui permettre de réaliser à terme un audit du rapport préélectoral des finances publiques, et que l’administration prévoit cette somme de façon récurrente pour les années à venir;
- De créer un projet d’investissement pour la construction d’un centre sportif dans l’arrondissement de Montréal-Nord dans le PDI 2022-2031, et d’y allouer une somme de 5 M$ en 2022, 15 M$ en 2023, 20 M$ en 2024, 20 M$ en 2025, 17 M$ en 2026;
- De créer un poste budgétaire Crédits pour dépenses contingentes COVID-19 dans les dépenses communes du Budget de la Ville de Montréal 2022 et d’y allouer une somme de 25 M$.